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Solène Leblond, professeure documentaliste et Céline Durand, professeure de SVT au collège François Truffaut d’Argentan (61), animent une classe média qui est composée de 21 élèves. Ensemble, elles ont créé le journal télévisé Info Truffaut qui a remporté le concours le concours Médiatiks 2022 dans la catégorie web TV - collèges.

Toutes les informations sur le concours Médiatiks sont ici

INFO TRUFFAUT, LA WEBTV DES ÉLÈVES DU COLLÈGE FRANÇOIS TRUFFAUT, ARGENTAN (61), LAURÉAT DU CONCOURS MEDIATIKS 2022

ON A AIMÉ

Le professionnalisme de Zoé et Elijah. Le journal du 17 décembre 2021, avec lequel Info Truffaut a remporté le prix national du concours Médiatiks, est présenté par Zoé et Elijah. Ils présentent le sommaire du journal avec sérieux et enchaînent les sujets avec clarté. L’incrustation d’une salle de rédaction sur fond vert et les aperçus des sujets en haut à droite révèlent une vraie maîtrise technique.

Zoé et Elijah

Les reportages sur la vie du collège. Info Truffaut, c’est une fenêtre sur la vie du collège. Journée portes ouvertes, ouverture du club Mémoire, sortie pour un match de hockey à Caen, l’actualité scolaire est au cœur de ce journal TV dynamique.

Les reportages sur la vie du collège

L’émission spéciale Verdun. Bien loin du simple exposé, les élèves de l’option Médias profitent de ce voyage scolaire pour faire découvrir le village mort pour la France de Fleury-devant-Douaumont et pour interviewer le maire de ce village sans habitants.

L’émission spéciale Verdun

Interview croisée

“REMPORTER LE CONCOURS NATIONAL MÉDIATIKS, ÇA NOUS A APPORTÉ ÉNORMÉMENT, PERSONNELLEMENT MAIS AUSSI PROFESSIONNELLEMENT.”

Solène Leblond, professeure documentaliste et Céline Durand, professeure de SVT au collège François Truffaut d’Argentan (61).

Racontez-nous l’histoire de ce média ? Comment est né Info Truffaut ?

Céline Durand : C’est un média qui est né la première année plutôt sous forme d’un club, sur le temps du midi, parce qu’on avait eu une dotation en matériel. Les élèves venaient quand ils en avaient envie pour tourner des tout petits reportages. C’était vraiment sur la vie du collège. La deuxième année, on l’a appelé “club webTV” : on a eu une petite vingtaine d’élèves. Puis ça s’est officialisé : il s’agit d’une option média qui s’adresse aux élèves de 4e et 3e pour une heure et demie par semaine.

Pourquoi vous êtes-vous investies dans ce projet de média scolaire ? Qu’est-ce qui vous plaît ?

Céline Durand : Je faisais déjà des petits projets vidéos en SVT. J’aime aussi beaucoup travailler en équipe et je travaille forcément avec la professeure documentaliste donc pour moi c'est très intéressant de faire ça, de partager.

Solène Leblond : En tant que professeure documentaliste, je me suis naturellement greffée au projet et donc l’idée c’était vraiment de raconter ce qui se passe au collège pour donner de la visibilité aux projets pédagogiques, aux actions, qu’elle soient menées par des enseignants ou à l’initiative des élèves et que ce soit pédagogique, culturel ou récréatif. J'aime beaucoup participer à ce média en tant que professeure documentaliste puisque c’est un peu mon dada l’actualité. Mais aussi c’est une autre manière de travailler avec les élèves. On n’est plus tout à fait sur le pédagogique avec un enseignant qui est face à sa classe. On travaille différemment, les élèves travaillent en groupes, ils sont tous extrêmement motivés puisque tous volontaires. On travaille parfois en dehors des heures de classe. Par exemple, l’autre jour, on est allé dans une ferme rencontrer deux agricultrices bio un mercredi après-midi avec les élèves. On sort du collège, on va dans la rue, on rencontre des gens et c’est extrêmement motivant.

Qu’est-ce que cela apporte aux élèves, selon vous, de participer à la création d’un média scolaire comme Info Truffaut ?

Solène Leblond : Cela leur permet de gagner beaucoup en autonomie puisque ce sont vraiment les élèves qui gèrent leur journal. Avec ma collègue, on supervise mais les élèves sont de véritables journalistes, ils font des comités de rédaction, ce sont eux qui choisissent leurs sujets, ils prennent des initiatives, ils vont prendre eux-mêmes des rendez-vous pour rencontrer quelqu'un, pour mener une interview. Ils gèrent leur journal télévisé de A à Z : ils choisissent les sujets, filment, montent, diffusent. C’est vraiment une prise d’initiative, d’autonomie, ils développent énormément de compétences.

Céline Durand : Nos élèves vont à la rencontre des gens dans le collège et parfois ce sont des gens auxquels ils ne feraient peut-être pas attention sans ce travail de vidéo, alors qu’ils les côtoient tous les jours. Je ne pensais pas que ça apporterait autant aux élèves de s’ouvrir déjà rien qu’à l’intérieur du collège. Il y a une communication, une ouverture, une curiosité qui est encore plus stimulée avec ce travail. Je pense qu’on donne quelques billes à nos élèves pour la suite de leurs études. Comment avez-vous connu le concours Médiatiks ?

Céline Durand : J’ai connu Médiatiks par ma collègue professeure documentaliste. L'intérêt d’être inscrit à Médiatiks ? Ça a surmotivé les élèves parce qu’il s’agissait d’un concours donc ça les fait se dépasser. La première année, on avait gagné le concours régional et les élèves étaient déjà très contents.

Solène Leblond : J'ai connu le concours Médiatiks, je pense, par le bouche à oreilles, je crois via les réseaux sociaux ou des newsletters peut-être que je reçois par mail. J’avais trouvé que le concours était très intéressant et donc quand on a monté Info Truffaut, assez naturellement, je me suis dit qu’on pourrait peut-être envisager la participation et puis en fait, en voyant ce que ça donnait avec les élèves et en en discutant avec les collègues, ça nous a confortés dans le fait que l'on pouvait tenter la participation Comment avez-vous appris que vous aviez gagné le concours Médiatiks de l’académie de Normandie dans la catégorie collège webTV ?

Solène Leblond : Totalement par hasard. J’ai un compte Twitter et j’ai reçu des notifications sur Twitter me disant que j’avais été mentionnée dans un tweet. Très intriguée, parce que ça arrive rarement, je vais regarder et je me rends compte que Céline Thiery, qui est notre interlocutrice au CLEMI académique de Normandie, m'avait taguée dans son tweet en annonçant le palmarès des médias qui avaient gagné dans l’académie. J'étais très surprise d’apprendre sur Twitter que nous avions gagné. Au début j’avais du mal à y croire donc j’ai appelé Céline Thiery pour avoir confirmation. Effectivement nous avions bien gagné ; bien sûr j’ai sauté de joie, je me suis empressée d’appeler Céline Durand. On n’en revenait pas, on était très étonnées d’avoir gagné.

Comment avez-vous annoncé aux élèves que vous aviez gagné le prix académique ? Comment ont-ils réagi ?

Solène Leblond : On a attendu d’avoir tous les élèves en classe médias. On avait envie de leur dire dès qu’on les croisait dans les couloirs mais on a préféré attendre de les avoir tous ensemble.

Céline Durand : Pour annoncer le prix régional aux élèves, on a mis beaucoup de suspense. Nous avons dit à l’équipe que nous avions quelque chose de très important à leur annoncer, on les a réunis, on a attendu, on a laissé des pauses et puis voilà le silence s’est installé et là : “On a gagné Médiatiks ! Prix régional ! ” Les élèves étaient super contents, ils explosaient de joie. Est-ce qu’il y a eu une remise des prix au niveau académique ?

Céline Durand : La remise du prix académique s’est déroulée dans le studio TV, là où on travaille tous les vendredis. Les 2 cheffes d'établissement étaient présentes. La responsable du CLEMI Normandie était présente. Tous les élèves évidemment et nous deux, professeures encadrantes, étions présentes aussi. En 2021, avec ce qu’on appelait “le club webTV”, on a gagné le prix régional mais ça s’est arrêté là et c’est vrai qu'à l’époque je ne savais pas qu’il y avait un prix national. C’est lors de la remise des prix de 2021 qu’on nous a dit qu'on participait à partir de là au prix national. On ne l’a pas gagné la première année. L’année 2022, on a gagné le prix régional et là par contre on savait qu’il y avait un prix national et on l’a dit aux élèves. On était vraiment ensuite dans l’attente de voir si on allait aller plus loin ou pas.

Et comment ça s’est passé pour la phase nationale ?

Céline Durand : J’ai appris qu’on avait gagné Médiatiks national par ma collègue, qui avait un sourire jusque là, qui a passé la journée un peu sur un petit nuage. On était extrêmement contentes. Ça a été un énorme travail de la part des élèves, un investissement, on a eu une équipe extraordinaire. J’ai pensé aux élèves en premier, parce que c'est une magnifique récompense.

Solène Leblond : Nous avons appris que nous avions gagné la phase nationale grâce à un mail nous signifiant que nous avions gagné et que nous étions invités à aller à la remise des prix à Paris qui aurait lieu une petite dizaine de jours plus tard. Bien sûr on a sauté de joie. Tout s’est passé très très vite. Il a fallu voir comment nous rendre à Paris en train, ce qui n’a pas été une mince affaire pour acheter les billets de train au dernier moment mais on a réussi. Nous sommes allés à Paris avec nos 21 élèves. Ça a été une sacrée journée, une sacrée expérience. On avait quelques élèves qui n’avaient jamais mis les pieds à Paris. Rien que pour ça, c’était fantastique pour eux. On a pris le train vers 7h15 du matin. On est arrivés à Paris vers 9h30. On est allés au centre Pompidou directement pour assister à la remise des prix qui avait lieu dans une salle de cinéma. Déjà là c’était très impressionnant, car on se retrouvait dans le centre Pompidou qui était fermé, ouvert uniquement pour nous, les lauréats du concours. On a rencontré Hugo Clément qui était président du jury. Il a fait un petit discours introductif et ensuite, comme une remise de prix, on nomme tous les lauréats de chaque catégorie et on est appelés sur scène pour faire un petit discours. Ce discours avait été préparé par nos élèves dans le train, le matin même, il a été prononcé par une élève, Lucie, qui a eu le courage de parler devant tout le monde. Et on a reçu un trophée “Prix nationaux médiatiks 2022”, que nous avons mis dans le studio TV du CDI.

Céline Durand : Ensuite, deuxième récompense, on a pu visiter les studios de France Télévisions l’après-midi avec une visite guidée. Un des journalistes de l'équipe de “L’Oeil du 20h” de France 2, nous a fait visiter tout France Télé : les salles de réunions, les régies, jusqu’à la salle de pause café et même la fameuse salle avec le plateau du 20h. On était tous bouche bée, les professeurs comme les élèves. On a été impressionnés. C’était vraiment le plus beau cadeau pour couronner cette année de travail avec les élèves. Je pense que c'était le plus beau cadeau qu’on pouvait leur offrir : une journée à Paris avec une récompense l’après-midi. On a eu également la rencontre de journalistes de Lumni qui était très intéressante où les élèves ont pu poser des questions, échanger avec des journalistes.

Quel est l’intérêt de s’inscrire au concours Médiatiks selon vous ? Qu’en avez-vous retiré ?

Céline Durand : L'intérêt de s’inscrire à Médiatiks c’est de motiver les élèves, d’entrer en compétition avec d’autres établissements qui vont aussi produire des vidéos qui parfois sont très différentes. On avait d'ailleurs regardé les vidéos des lauréats des années précédentes pour montrer aux élèves qu’on était tout à fait capables de le faire. Mais on n’a jamais dit aux élèves “si on gagne on pourrait avoir ça”. Il n’y a pas eu de carotte.

Solène Leblond : Remporter le concours national Médiatiks, ça nous a apporté énormément, personnellement mais aussi professionnellement. Ça nous a donné beaucoup de fierté et ça nous a donné quand même de la crédibilité, à ma collègue et moi, pour développer notre classe média. Je ne dirais pas que ça nous a ouvert des portes mais peut-être que ça nous a facilité le contact avec certaines personnes pour faire des projets mais aussi pour pouvoir acquérir du matériel. On a gagné un concours national assez prestigieux donc on nous permet plus facilement de nous développer et de développer notre activité. Et c’est plus facile quand on veut se rendre quelque part d’annoncer que la classe médias voudrait faire un reportage et que l’année dernière on a gagné le prix Médiatiks. Ça nous donne de la crédibilité, ça montre que nos élèves sont motivés, qu’ils vont faire de grandes choses et qu’ils sont capables de faire des choses.

Un conseil aux enseignants qui hésitent à se lancer dans la création d’un média scolaire ?

Céline Durand : Il y a vraiment une plus-value dans les médias scolaires : on travaille autrement, on travaille beaucoup de compétences à la fois. C'est vraiment très motivant, très stimulant pour les élèves mais aussi pour les enseignants. Je pense qu’il est très important d’être ouvert et de travailler en équipe, de trouver les collègues avec qui on a les mêmes envies. Il faut être disponible certes mais les échanges avec les collègues et principalement la collègue professeure documentaliste avec qui je travaille ça remotive aussi à certains moments.

Solène Leblond : Si j'avais un conseil à vous donner pour créer un média scolaire c'est foncez. C’est beaucoup de plaisir ! Alors bien sûr c’est aussi beaucoup d’organisation, beaucoup de temps. On ne compte pas notre temps avec Céline, c'est vrai, mais c’est tellement enrichissant personnellement et professionnellement de faire ce genre d’activité, de voir l’évolution des élèves, ne serait-ce que le temps de monter un journal télévisé : ils apprennent énormément.

Propos recueillis par Maud Moussy et François Rose.

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